Les confrontations de projets politiques et la consolidation de l’EZLN (1988-1992)

Abstract

Les années 1988 à 1992 ont été marquées par les changements de la dynamique organisationnelle des communautés indigènes de Las Cañadas. Ces changements furent déterminants pour l’avenir de l’EZLN et pour la population civile restée au sein de l’Union des unions. De fait, on peut estimer qu’elles marquèrent une nouvelle étape dans l’évolution simultanée, mais divergente, de ces deux organisations. Le processus de désertion des bases indigènes de l’EZLN commença comme une rébellion contre la dérive autoritaire de leurs méthodes d’organisation. De plus, la débâcle des processus révolutionnaires d’Amérique centrale et des pays socialistes d’Europe de l’Est marqua le début d’une rupture entre les agents du diocèse de San Cristóbal et la direction de l’EZLN. Néanmoins, le manque de direction à la tête de l’Union des unions ainsi que l’incapacité du diocèse à offrir une alternative politique aux aspirations de développement des communautés ont permis au mouvement armé de se maintenir comme la meilleure option pour résoudre les problèmes économiques, politiques et sociaux de la région. Tous les habitants de Las Cañadas n’abandonnèrent pas l’EZLN; une partie importante demeura enrôlée au sein du mouvement armé et garda ses distances, à la fois à l’égard de la structure organisationnelle de l’Union des unions et de l’influence politique des agents pastoraux, maintenant opposés à la lutte armée. La direction du mouvement armé en profita et, afin de freiner la désertion au sein de ses rangs, attisa le mécontentement contre les nouvelles politiques écologiques, la réforme de l’article 27 de la Constitution et les politiques de modernisation en général, ce qui permit à l’EZLN de consolider sa présence au sein d’une grande partie de la population de Las Cañadas.