La colonisation de Las Cañadas de La Selva Lacandona et la persistence des pratiques oligargiques dans l´exercice du pouvoir de 1954 à 1970.

Abstract

Dans les régions de Los Vallées et Las Cañadas d’Ocosingo, au milieu des années 50, une nouvelle période de changements commence. Après une certaine stabilité, on trouve un ensemble de transformations tant dans la structure agraire que dans la structure économique et politique, donnant lieu ainsi à une nouvelle structure de la société régionale. Quant à l’aspect agraire, il apparaît une forte vague d’émigration de péons acasillados de pratiquement toutes les haciendas de la région, et même des haciendas des municipios voisins. De même, il commence une immigration massive vers la Selva Lacandona des colons provenant de quelques villages d’indiens proches à la région. Ces nouveaux mouvements de la population sont accompagnés inévitablement de changements significatifs dans l’organisation économique interne des haciendas. Les activités ayant eu une grande importance, comme la production et le traitement de la canne au sucre, disparaissent petit à petit et les haciendas rentrent dans un processus naissant de spécialisation d’élevage bovin. En même temps, de nouveaux types de relations sociales entre les paysans n’habitant plus dans les haciendas et les hacendados commencent à s’établir. Des contrats de location apparaissent et deviennent très importants, jouant un rôle décisif dans la réorganisation productive de la région. Le rythme de tous ces événements s’exprime au niveau politique à travers un désordre permanent des relations de pouvoir entre les hacendados et les indiens. Malgré la permanence des haciendas et de leur organisation seigneuriale, à la fin de la période 1954-1970, la population contrôlée directement par les seigneurs de la terre devient minoritaire dans la nouvelle échelle régionale. À l’intérieur des haciendas, on trouve tout d’abord une période de conquête de droits du travail des péons acasillados qui leur permet d’améliorer leurs relations de travail. Cette phase est suivie d’une perte de quelques droits déjà conquis où un fort pouvoir du patron prédomine encore une fois à la fin de la période. La relation naissante des ejidatarios avec des instances du gouvernement acquière des caractéristiques de clientélisme, subordination et abus d’autorité semblables à celles développées dans les relations de pouvoir des haciendas. Avec la grande asymétrie politique que subissait la population indigène devant faire face au reste de la société, il était difficile de penser qu’elle pouvait être différente. Dans l’ensemble de ces mouvements, il est très important de comprendre un aspect central : Quel est le rôle politique joué par la réforme agraire et les gouvernements fédéraux pour finir avec l’inégalité politique qui donnait lieu à la reproduction de l’abus et de l’exploitation des indigènes ?