Organisation, relations interethniques et changement social. Les haciendas et communautés d’Ocosingo, Chiapas, au XXᵉ siècle

Abstract

Dans la région de Las Cañadas de Ocosingo, Chiapas —l'une des principales zones d'influence de l'Armée zapatiste de libération nationale–, les grands domaines fonciers de fincas ou d'haciendas ont survécu jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle. Ces domaines ont maintenu la population Tzeltal de la région dans des relations de servitude. Dans ce livre, María del Carmen Legorreta raconte comment les acasillados Tzeltals et les patrons ladinos ont coexisté dans le monde relativement isolé et comment des changements de fond se sont étalés sur plus de 50 ans. L’ouvrage interroge donc ce long processus : Comment les relations de servitude ont-elles pu être maintenues à Ocosingo jusque tard dans le XXe siècle, malgré un contexte national défavorable ? Comment le processus de transformation des haciendas en ranchs, communautés et ejidos dans les vallées et cañadas d'Ocosingo s'est-il étalé de 1930 à 1994 ? Quel rôle ont joué les membres de l'oligarchie, les autorités gouvernementales et les peuples Tzeltal dans ce processus ? Quelles conséquences ou effets inattendus ce type de changements a-t-il entraîné ? L'auteure analyse la violence symbolique de la relation patron-peón dans ses expressions économiques, culturelles et religieuses et dévoile les mécanismes qui les a maintenus si longtemps, même après le démantèlement du système de l'hacienda. Dès lors, ce travail apporte un éclairage inédit et essentiel à la compréhension de l’émergence du mouvement zapatiste. Dr. Thierry Linck, Toulouse, France, 2008.